On se moque de mon enfant parce qu’il est roux : que faire ?

Votre fils ou votre fille est roux et ses camarades d’école se moquent de sa couleur de cheveux ? Retrouvez ici quelques conseils pour aider votre enfant à résoudre cette situation.

« Poil de carotte », « sale rouquin », « les rousses, ça pue », « les roux, c’est moche » font partie des répliques que bon nombre d’enfants roux doivent encore affronter dans les cours de récréation. Les décennies passent mais la rengaine reste toujours la même, le groupe d’agresseurs se plaisant à ramener l’enfant singulier à sa différence.

Dresser le profil type de celui qui se moque serait un exercice risqué tant les situations et les personnalités sont différentes. De la même façon, affirmer que tous les enfants roux, sans exception aucune, subissent moqueries, stigmatisation voire harcèlement serait une généralisation hâtive. Chaque enfant est unique, chaque parent a son approche, chaque histoire est singulière.

Nuancer une situation ne signifie pour autant pas la nier. Lorsque nous avons entamé la collecte de témoignages pour notre livre Être(s) roux,  de nombreux enfants ont évoqué leur malaise, leur incompréhension et leur difficulté à dépasser le regard de l’autre. Que ces remarques soient passagères ou s’inscrivent dans le temps, elles peuvent affecter l’enfant plus intensément que l’on ne le pense. Il est donc essentiel d’en tenir compte et de faire preuve de vigilance.

1. Instaurer un espace de parole bienveillant

Que votre enfant traverse des difficultés ou pas, lui proposer un terrain d’écoute et d’échange est primordial. Le cercle familial sera ainsi un espace rassurant, propice aux confidences.

Lorsqu’un enfant évoque ce qu’il subit à l’école, il convient également de ne pas le juger, ni de minimiser ses émotions. Si de l’œil d’un adulte, certaines remarques peuvent sembler anodines, celles-ci peuvent revêtir une réelle importance pour votre enfant.

Il s’agira donc d’accueillir la parole, d’entendre le ressenti et de faire preuve d’empathie. C’est ainsi que l’enfant continuera à s’exprimer et se sentira reconnu et soutenu dans ce qu’il vit.

Pensez également aux différents livres qui existent sur le sujet. Ceux-ci peuvent constituer un terrain propice pour dénouer les choses.

2. Comprendre son besoin de mimétisme

Comprendre son enfant, c’est aussi saisir l’importance que le regard de l’autre peut revêtir dans son esprit. Si en tant qu’adulte, nous n’hésitons plus à affirmer notre identité et notre différence, un enfant, lui, aura envie de se sentir intégré au groupe majoritaire. Cette reconnaissance sociale joue un rôle essentiel dans la construction identitaire, surtout durant l’adolescence. Mêmes vêtements à la mode, mêmes sujets de conversation, mêmes coiffures, se fondre dans la masse fait partie des phases normales de l’évolution de l’enfant. En intégrant une structure collective, il ne fait finalement que rejoindre une autre « famille ».

Ainsi, alors que de nombreux enfants roux souhaiteraient juste être considérés comme tout le monde, leurs « agresseurs » les renvoient constamment à leur différence et tentent ainsi de les isoler.

Le rejet vécu à l’école n’est donc pas anodin car il participe à l’image que l’enfant aura de lui-même.

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3. En informer l’établissement et les enseignants

Avec son accord, il est conseillé de se déplacer dans l’établissement que fréquente votre enfant pour rencontrer l’équipe enseignante et/ou la direction. Votre positionnement sera clair et votre démarche soutenante aux yeux de votre fils ou de votre fille. Vous lui montrez ainsi que vous avez entendu son malaise et que vous en prenez la mesure.

Cela vous permettra également de faire une information auprès de l’école, collège ou lycée. Les élèves étant souvent très nombreux et les moqueries monnaie courante, le personnel éducatif ne saisit pas toujours la gravité de certaines situations.

Dans le cas des collégiens, un rendez-vous avec le professeur principal semble le plus adapté. Celui-ci se fera en effet le relais auprès des autres enseignants. Il est aussi celui qui connaît le mieux les élèves de la classe dont il a la charge.

Les enfants qui sont à l’origine des railleries pourront aussi être convoqués et leurs parents éventuellement informés.

Votre enfant passant de nombreuses heures à l’école, cette préconisation est essentielle.

4. Le déculpabiliser

Il est important que votre enfant comprenne que ce n’est pas lui qui est en cause. Les moqueries répétées, voire le harcèlement, peuvent en effet conduire à une perte de confiance. Votre fils ou votre fille peut en effet finir par croire ce que les autres disent de lui et donc se dévaloriser.

Vous pouvez par exemple lui expliquer que le rejet de la différence est une tendance très « classique » dans les groupes. Les enfants à lunettes, en surpoids, plus grands ou plus petits que la moyenne peuvent eux aussi en faire les frais. Ne considérer l’autre que par la différence qu’il incarne est également une façon de se rassurer dans sa normalité.

Il arrive aussi parfois que certains enfants se plaisent à en humilier d’autres parce qu’ils n’ont eux-mêmes pas confiance en eux.

Cette mise en perspective de la parole de l’autre est un premier pas pour aider l’enfant à prendre de la hauteur et se détacher du jugement négatif dont il est objet.

Nous détaillons ces processus de stigmatisation dans Être(s) roux. N’hésitez pas à consulter notre livre pour en savoir plus !

5. Le valoriser

Votre enfant doit donc être convaincu que ce que les autres disent de lui est faux. Ces attitudes négatives et ces propos agressifs ne sont que le fruit de préjugés, de peur et de divers troubles que seule une analyse au cas par cas pourrait définir.

S’il est régulièrement victime de remarques et de comportements blessants, vous pouvez de votre côté lui rappeler ses qualités et ses compétences. Votre enfant peut et doit avoir confiance en lui, il faut qu’il le sache ! Les activités extra-scolaires, si elles se déroulent dans de bonnes conditions, peuvent être des terrains propices à la reprise de confiance : il gagne un match de foot ? Félicitez-le ! Il témoigne de capacités pour le dessin ? Dites-le-lui ! Et si à l’école, ses résultats sont encourageants, montrez-lui que vous en êtes fier. L’amour et la bienveillance dont vous témoignerez lui permettront de préserver l’estime qu’il a de lui.

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6. Rester vigilant

Ce n’est pas parce que votre enfant ne vous fait plus part du comportement de ses camarades que tout s’est forcément arrangé. Si c’est heureusement parfois le cas, il arrive aussi que l’expression de son malaise soit teintée d’une forme de honte. Votre enfant peut avoir la sensation de ne pas réussir à résoudre son problème et ressentir de nouveau une sensation d’échec. Il peut aussi avoir peur de vous faire de la peine. Il peut enfin croire que ce qui lui arrive ne mérite pas d’être exprimé puisque personne ne le défend à l’école.

L’interroger discrètement sur son quotidien et ses relations avec les autres peut être une façon de veiller à ce que tout se passe bien. Son sommeil et son alimentation peuvent aussi constituer des indices. Un enfant qui dort mal ou s’alimente moins peut cacher un certain mal-être.

7. Envisager un suivi psychologique

Vous pouvez enfin lui proposer d’échanger avec une tierce personne, qui saura l’aider à mettre des mots sur ce qu’il ressent et lui donner des conseils pour être fier de ce qu’il est. Ce professionnel saura, au cas par cas, lui apporter des clés et le guider dans l’attitude à adopter à l’école.

Ce suivi psychologique ne peut être envisagé qu’avec l’accord de votre enfant.

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