La bière rousse : la boisson qui donne… chaud !

La bière rousse est « une bière brassée à partir de malts blonds, peu touraillés, des malts caramels ou ambrés ou de l’orge grillé non-malté, qui donnent leur couleur à ce type de bière.  » dixit Wikipédia. Rien à voir donc avec notre chevelure, si ce n’est une analogie chromatique. Et pourtant…

Adepte des festivals où les bocks et les chopes sont légion, la bière reste de loin ma boisson préférée. N’en déplaise aux marketeurs de la mousse qui ont longtemps voulu réserver la bière aux hommes (les vrais ! ), je suis une rousse… qui aime la rousse ! Ça ne s’invente pas et c’est pourtant le cas. Petit tour d’horizon donc, de cette boisson qui vous donnerait bien envie d’en reprendre une autre.

La bière rousse, une étiquette pour un cliché

La rousse coquine, la rousse sensuelle voire hypersexuelle, la rousse femme fatale, nous connaissons désormais toutes et tous ce cliché. Particulièrement chaudes au lit, le préjugé voudrait également que nous ayons plus de partenaires que la moyenne et des besoins plus importants à satisfaire. En 2006, une étude du professeur Werner Habermehl, spécialiste de la sexualité au Centre de recherche sociale de l’Université de Hambourg, venait même confirmer que nous méritions bien cette réputation. Je vous la refais en V.O. : « The sex lives of women with red hair were clearly more active than those with other hair colour, with more partners and having sex more often than the average. The research shows that the fiery redhead certainly lives up to her reputation. » Merci Werner, pour cette part de lumière qui prouve que même la science peut verser dans l’obscurantisme.

Les publicitaires, eux, ont repéré le filon depuis bien longtemps. Quoi de mieux, en effet, qu’une femme rousse pour faire vendre et inciter à boire ces messieurs dont on voudrait nous faire croire qu’ils n’ont pas de cerveau.

Des vitrines de brasseurs aux sites de collectionneurs, j’ai donc écumé, non sans curiosité, l’iconographie colorée et misogyne du petit monde de la mousse.

Mais ne diabolisons pas (et rangeons nos fourches), il y a ceux qui font « soft ».

Et puis, il y a les autres… Ceux qui aiment jouer avec la testostérone des hommes et pour lesquels le message est clair : buvez une rousse si vous n’arrivez pas à en mettre une dans votre lit…

« Une rousse de caractère est très vite chaude » dixit Grimbergen… Un slogan inspiré, vous en conviendrez, où le sexisme est roi et le porte-jarretelle de rigueur. Si le décolleté est plongeant et le regard, de braise, c’est encore mieux, car, comme le cliché fait vendre, la femme-objet, elle, donne soif !

La brasserie du Hommey : le mauvais goût de la bière

Des étiquettes du genre, j’en ai trouvé en quantité. Mais l’une d’elles a tout particulièrement retenu mon attention…

La brasserie du Hommey m’aura au moins appris que Charlotte Corday était rousse. Pour le reste je vous laisse juger…

Brune, blonde ou rousse… Un même combat contre le sexisme

Une chose est sûre cependant, c’est que ces publicités sexistes ne sont pas l’apanage des rousses. Si les artisans de la mousse font de nous des nymphomanes, ils jouent également sur « la légèreté » des blondes et la « puissance » des brunes.

Maternelle et ménagère dans les années 60, putain et guerrière dans les années 90, la femme fait vendre encore aujourd’hui, surtout lorsqu’elle est ramenée au rang d’objet.

Le mardi 31 octobre 2017, le CSA a rendu publique une étude sur les stéréotypes et préjugés sexistes qui perdurent dans la publicité et à la télévision : « Les rôles d’experts sont presque exclusivement occupés par des hommes. A l’inverse, les personnages sexualisés ou dénudés, de même que les consommateurs, sont majoritairement féminins (…)  les femmes apparaissent majoritairement comme des consommatrices et des objets de désir « , et sont parfois « présentées dans des poses suggestives qui n’ont souvent rien à voir avec le produit promu« . Et cerise sur le gâteau : dans les spots automobiles, « on ne montre que des hommes au volant et des femmes à côté, dans des rôles d’adjuvants agréables » (Source : Huffingtonpost du 31/10/2017).

Pour ma part, je trouve navrant qu’en 2017, le cliché, quoique différent, soit toujours présent. Le marché de la bière, encore lui, en est le parfait exemple : « J’aime ma femme. J’aime la Kronenbourg. Ma femme achète la Kronenbourg par six. C’est fou ce que j’aime ma femme. » Voilà un slogan que l’on entendait il y a quelques décennies. Soumise et bienveillante, la femme bonne à tout faire et surtout, à se taire. Aujourd’hui, l’enseigne Mille Vertus dont le machisme est tel, qu’il méritait bien la Une de cet article, vend sa rousse en affirmant que si celle-ci est « Légère en tenue, elle est ferme en goût« . Mesdames, il ne nous reste plus qu’à déposer nos porte-jarretelles et nos soutien-gorges aux pieds de ces messieurs. Car a priori, si les femmes ne sont qu’érotiques, les hommes, eux, sont désespérément archaïques.  La dévalorisation est globale et l’ensemble absurde. La preuve en images…

Bon, sur ce, je crois que je vais oublier le malt pendant quelques jours et préférer la menthe poivrée… Et tant pis si ça pique.

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